Tout en double.

La femme de Djha plus rusée que le diable!, Nora Aceval, voorwoord Leïla Sebbar, tekeningen Sébastien Pignon, uitgever Al Manar (Alain Gorius), Parijs 2013, pag 84.

La femme de Djha, qui avait emprunté l′âne de son mari, fit une bien mauvaise chute. Mieux vaut tomber d′un cheval que d′un âne! disent les ancients. Ainsi, Mart-Djha reçut un si mauvais coup à la tête, qu′elle en garde une séquelle. Ses yeux louchaient désormais et elle voyait tout en double. Djha, qui s′était bien occupé d′elle, n′était pas du tout mécontent de cette situation. Il en semblait même heureux car tous les soirs, à la nuit tombéé, lorsqu′il revenait à la maison avec une pastèque, une galette de pain ou un poulet, elle le complimentait.

— Mon mari, que tu est généreux! Merci pour ces deux grosses pastèques! Merci pour ces deux pains! Merci pour ces deux poules si gras.

Cela dura toute la semaine. Djha était aux anges! Sa femme ne réchignait plus comme avant. Or, voilà qu′un jour il revint bien plus tôt chez lui. Le soleil était si haut que l′on pouvait mieux distinguer les choses. Mart-Djha le reçut joyeusement, d′autant plus qu′il lui rapportait “deux gigots” de mouton. Djha, qui prenait davantage goût à la situation, souriat de toutes ses dents. Soudain elle saisit le gigot et le frappa farouchement au visage. Il crut qu′elle était guérie, quand elle hurla:
— N′as-tu pas honte, Djha. Tu fais entrer un étranger à la maison sans me prévenir?
Djha à moitié assommé, retorqua:
—Ma chérie, c′est bien de tout voir en double, mais pas moi, ton mari!

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