Mouliéras, Les fourberries de Si Djeh′a, blz 166, verhaal LIV (Si Djeh′a et sa femme), en blz 168, verhaal LV (Si Djeh′a et la tête de mouton):
Si Djeh′a conduisit sa femme chez lui. Elle arriva. Elle trouva que la maison ne lui plairait pas. Elle trouva tout sale. “Comment?” se dit-elle. Cet homme-là s′est moqué de moi! Il m′a dit: Je suis le fils d′un sultan; je suis d′une illustre famille.”
Elle renferma ces pensées dans son cœur et ne voulut les dévoiler à personne.
Aux approches de la fête, elle vit Si Djeh′a aller au travail. Tout le monde chômait en l′honneur de la fête. “Si Djeh′a, lui dit-elle, comment! Tout le monde chôme à cause de la fête, et toi tu vas travailler! Ne m′as-tu pas dit cependant”, continua-t-elle: “moi, mon père est Sultan;” et encore: “j′ai une belle maison, je suis d′une famille illustre?”
--Ma chère, répondit Djeh′a, c′est vrai, je t′ai dit cela et je n′ai pas menti. Je vais faire maintenant faire un petit travail.”
-- “Personne ne fait ni petit ni gros travail que nous sommes en fête. Les autres jours on travaille et on l′on fait ce qu′on peut.”
--“C′est vrai, ma chère. Toutefois si les gens de ce village me voient chômer, ils chômeront; s′ils me voient aller au travail, ils iront eux aussi. Qant à moi, je puis bien ne rien faire; il ne me manquera rien. J′agis ainsi en public afin que les enfants du peuple ne vivent pas continuellement avec la faim.”
Un autre jour, elle lui dit: “Si Djeh′a, comment donc est façonné cet habit-ci que tu portes? Pourquoi? continua-t-elle, ne t′habilles-tu pas comme les enfants des sultans?”
--“Ma chère, répondit-il, je ne tiens pas à porter de beaux habits à cause des gens du peuple; tout ce que je fais, ils le font. Si je leur donne l′exemple du repos, eux aussi ne travailleront plus. Si je leur donne l′exemple des beaux habits, eux aussi, s′ils ont quelques sous, s′en achèteront et toute la famille souffrira de la faim.”
--“Comment se fait-il, Si Djeh′a, que tu m′aies dit: ‘Je suis sultan’. Cependant je ne t′ai jamais vu gouverner! Personne, parmi les gens du peuple, ne t′apelle ‘sultan’, ou ‘fils du sultan’.
Tu m′as menti. Tu n′es probablement qu′un mendiant et tu t′attribues faussement la qualité de sultan.”
--“Je te demande quelle est ton intention, répliqua Djeh′a. Si tu as l′intention de rester ici, ne fais pas la folle et reste dans la maison. Si tu t′aperçois que tu as perdu la raison et que peut-être tu est rasassiée de moi, va à la maison de ton pére. Je n′aime pas ceux qui, étant d′une condition inférieure, se croient au-dessus des autres. Qant à moi, je suis le sultan de mes frères et il m′est impossible de faire une injustice à qui que soit.”
--“Je ne croirai que tu es sultan que lorsque tu auras tué ce muezzin qui me réveille chaque matin de très-bonne heure.”
--“Demain je le tuerai, dit Djeh′a. Je t′apporterai sa tête et tu reconnaîtras alors si je suis un sultan ou un imposteur.”
Si Djeh′a et la tête de mouton.
Le lendemain matin, Djeh′a laissa le muezzin monter jusqu′au sommet du minaret. Il y alla, le suivit et lui coupa la tête qu′il donna à sa femme en disant: “Voici la tête de celui qui, chaque matin, te réveillait de bonne heure.”
--“A présent, dit elle, je reconnais que tu es Sultan.”
Djeh′a alla acheter un mouton qu′il égorgea. Il jeta la tête du muezzin dans le puits. Il cacha la tête du mouton qu′il avait tué et la plaça sous un grand plat de bois. Vers midi, les gens se mirent à cherchjer le muezzin. Ils ne le trouvèrent point. Ils montèrent au minaret. Ils le trouvèrent mort, la tête coupée.
--“Qui donc nous a tué notre muezzin?”, se dirent-ils. Un individu prit la parole et dit:
--“C′est Si Djeh′a que j′ai vu monter ici, ce matin de bonne heure. C′est peut-être lui qui l′a tué.”
Ils allèrent chez Si Djeh′a. Dès qu′ils furent arrivés chez lui, ils lui dirent: ”Si Djeh′a, est-ce toi qui as tué le muezzin du village?”
--“Je ne l′ai pas tué, répondit-il. Que m′a-t-il fait pour que je le tue? Voyez avec qui il était en mauvais termes; c′est celui-là qui l′a tué. Qant à moi je ne l′ai point tué.”
--”L′homme qui t′as vu quand tu es monté au minaret a dit: “c′est lui qui l′a tué.” Toi tu nous fais des mensonges. Nous allons fouiller la maison, ajoutèrent-ils, pour voir si nous ne trouverons pas sa tête.”
--“Passez et fouillez,” leur dit Djeh′a.
Ils entrèrent et se mirent à chercher. Ils fouillèrent toute la maison en trouvèrent rien. L′un d′eux, ayant avisé le grand plat de bois qui était sens dessus sessous, s′en approcha, le souleva et trouva dessous la tête de mouton. “Dans cet endroit qui nous était suspect, dit-il à ses compagnons, je viens de trouver une tête de mouton. Il est probable alors que ce n′est pas Djeh′a qui a tué le muezzin.” Ils allèrent tous chez eux. Djeh′a était sauvé.
Een variatie op dit verhaal in het Russisch is te vinden onder de volgende link naar de oorspronkelijk in het Engels verschenen grappen, onder nummer 11. Ditmaal is de grap afkomstig uit het beroemde “Book of Noodles”.