Oorspronkelijke Franse teksten

  1. Les fourberies de Si Djeh′a, Basset en Mouliéras, 1892, pag. 89: Si Djeh′a et le Cadi.
    Si Djeh′a se promenant, un jour, trouva dans la campagne le cadi endormi et ivre. Il lui prit son manteau et s′en alla. Quand le cadi se réveilla, il constata que son manteau lui avait été volé. Il envoya des gens faire des recherches dans le village pour le retrouver. Ces gens trouvèrent Si Djeh′a revêtu de ce manteau. Ils l′emmenèrent. Quand il fut arrivé chez le cadi, celui-ci lui dit:
    -- “D′où vient ce manteau?”
    -- “J′ai trouvé un homme ivre”, répondit Djeh′a. “J′ai uriné sur lui et je lui ai pris son manteau. S′il est à toi, le voici; prends-le et excuse-moi.”
    -- “Eloigne-toi de moi, être infect”, dit le cadi. “Ce mantaeau n′est pas le mien.”
  2. Rousseau:Essai sur l′origine des langues, pag.68.
    “Comme les prémiers motifs qui firent parler l′homme furent les passions, ses premières expressions furent des Tropes. Le langage figuré fut le premier á naître, le sens propre fut trouvé le dernier.”
  3. Doctoresse Legey, Essai de Folklore marocain, 1926, pag. 125:
    “Toute la vie de la femme marocaine est dominée par l′amour. La polygamie généralement pratiquée, la promiscuité du harem, la prostitution facile et non réprouvée, font naître des jalousies violentes. Pour l′emporter sur une rivale préférée, la femme se livre aux pratiques de sorcellerie les plus extraordinaires. Par suite, la sorcière, le sorcier, le forgeron jouent un rôle considérable dans la société marocaine.
    On croît que le pouvoir magique d′un sort fait par un sorcier ne peut dépasser quarante jours. Celui fait par une sorcière a un pouvoir illimité. On dit couramment: "Sehor matheneoud, Ghaleb et-tolba ou l′lhoud." Le sort fait par une femme gagne celui du taleb et du Juif.
  4. Jeannine Drouïn, Cycle hagiographique, 1975: pag 85, voetnoot 4:
    “Cette expression d′hilarité n′est pas, semble -t-il, un accès de joie ou de malice.Ce motif est développé dans l′A.T. (Oude Testament) qui mentionne le rire d′Abraham à l′annonce de la naissance d′Isaac, et le rire de Sara (Gen. 18:12). Pour cela Dieu avait dit: tu lui donneras le nom d′Isaac, ‘celui qui rit’, parceque Dieu ′s′est montré favorable.Il y a un jeu de mots autour du nom Isaac et l′expression des personnages car le verbe hébreu signifie: rire, sourire, se moquer (Cor. xi-71; li-29).”
  5. Les fourberies de Si Djeh′a, Basset en Mouliéras, 1892, pag. 14:
    “Il semble n′être, en effet, que la personification de la naïveté, attribuée dans chaque pays à une ville ou à un canton (chez les Grecs Abdère et la Béotie; en Syrie, H′ems; en France Saint Jagu et Saint-Maixent; chez les Turcs, Sivri Hissar; chez les Zouaoua, les Beni Djennad).”
  6. (Jean Déjeux, Djoh′a et la nâdira ,1995/3-4, pag. 44 ):
    “Les dénominations du fou sont nombreuses au Magreb, depuis le possédé par les demons (mjnun), l′habité par un autre être (meskun), le frappé par une force extérieure (mechiar), le devenu sans raison (mehbul), le faible d′esprit non aggressif (mebruk), jusqu′a celui qui est possédé au sens strict (memluk) ou celui qui a un comportement bizarre et qui est “secoué” (meklalkhal) ou encore au fou proprement dit (ahmaq), du moins au Maroc, parce que le terme désigne aussi le niais, le stupide. Djoha en tout n′est pas fou, ni frappé, ni possédé, ni faible esprit. Il n′est pas d′avantage le “ravi”(mejdub) en transe, mais comme l′ecrit Tobie Nathan, il présente dans les souks “une vérité codée maquillée d′humour.”
  7. Jeannine Drouïn, Cycle hagiographique, 1975: pag 85, voetnoot 4 vervolg:
    “Le rire rompt un état sacré ou une manifestation du sacré. A. Miquel note, dans un autre instant que l′éclat de rire en effet interrompt l′intention du croyant de se faire en devoir religieux de l′ablution, qui devient caduque.
    Il semble être l′apanage du prophète car ‘il sait’ et se trouve ainsi à contre-temps du temps du monde des gens. On trouve cette spécificité chez le fou, le simple d′esprit qui passe ..des avis divins et de ce fait joue un rôle important dans toutes les traditions prophétiques: l′Ispiré passe pour un aliéné à la réalité humaine par sa communication avec le surnaturel.
  8. Jeannine Drouïn, Cycle hagiographique, 1975: pag 85, voetnoot 4 vervolg (vertaling):
    Lachen doet inbreuk op een geheiligde staat of een manifestatie van het heilige. A. Miquel merkt ergens op dat het in lachen uitbarsten inderdaad de aandacht bij het zich wassen voor het gebed en het binnengaan van de moskee verstoort. De reiniging raakt erdoor waardeloos.
    Het lachen schijnt tot de aangeboren eigenschappen van een profeet te behoren, want ‘hij weet’ en leeft in een soort parallele wereld ten opzichte van die van de gewone mens. Deze specialiteit tref je aan bij de dwaas, de eenvoudige van geest, die goddelijke inzichten en opvattingen doorgeeft aan de mensen. Hierdoor komt het dat hij in alle profetische tradities een belangrijke rol speelt: de door God Geïnspireerde gaat door voor vervreemd van de werkelijkheid in communicatie met het bovennatuurlijke.
  9. De strijd tussen Moab en Israël , Dr. G. Contenau, La civilization phénicienne, Payot, Paris, 1939, pag. 332:
    “C′est moi Mesa, fils de Kamoshgad, roi de Moab, le Dibonite. Mon père a régné sur Moab trente ans et moi j′ai régné après mon père. J′ai construit ce sanctuaire pour Kamosh de Qerihoh, sanctuaire de salut, car il m′a sauvé de tous les agresseurs et il m′a fait me réjouir de tous mes ennemis. Omri fut roi d′Israë et opprima Moab pendant de longs jours, car Kamosh était irrité contre son pays. Son fils lui succéda et lui aussi il dit: ‘J′opprimerai Moab’. De mes jours, il a parlé ainsi, mais je me suis réjoui contre lui et contre sa maison. Israë a été ruiné à jamais.”
  10. Dr. G. Contenau, La civilization phénicienne, payot, Paris, 1939, pag. 325:
    On avait essayé d′expliquer la forme des lettres par les noms qu′elles portent; la tentative échoue le plus souvent. Alep signifie bœuf, la lettre du même nom serait une tête de bœuf; bet signifie maison, le bet serait dérivé de la forme d′une maison; gimmel signifie chameau, le gimmel serait dérivé de la forme d′un chameau. Il suffit de regarder l′alphabet d′Ahiram pour voir qu′il s′éloigne encore plus de ces définitions que l′alphabet de Mésa, sur bien des points. Il apparaît bien, comme l′explique M. Dussaud, que le premier élément de son nom était constitué par la lettre qu′on voulait repésenter, que le nom ait plus ou moins bien représenté la silhouette de la lettre……
    Ils ont été les auteurs d′une des plus grandes inventions de l′humanité, le jour où ils ont rompu délibérément avec les écritures si compliquées qui étaient alors en usage, où ils ont démêlé vingt-deux sons simples permettant de noter les diverses articulations consonantiques de leur langue et où ils ont créé de toutes pièces un système de signes d′une remarquable simplicité dans lequel chaque lettre se distinge à première vue de toutes les autres.
  11. Dr. G. Contenau, La civilization phénicienne, payot, Paris, 1939, pag. 336:
    Puissent les dieux saints les livrer à un prince puissant qui les subjuguera, détruire ce prince ou cet homme qui aura ouvert ce tombeau ou qui aura enlevé ce cercueil, détruire la progéniture de ce prince ou de ces hommes. Qu′ils n′aient pas de racines en bas, ni de fruits en haut, ni aucun éclat parmi ceux qui vivent sous le soleil! Car je dois être pris en pitié, j′ai été saisi avant mon heure, agé de peu d′années, je suis orphelin, fils d′une veuve. C′est moi, Eshmunazar, roi des Sidoniens...
  12. Mouliéras, Les fourberries de Si Djeh′a, Le corbeau, Oran, 1891, pag. 102, verhaal XXVI: Le corbeau.
    Un jour, Si Djeh′a alla avec sa femme à la rivière pour laver. Pendant qu′ils lavaient, un corbeau s′abattit, leur déroba le savon et s′envola. La femme se mit à pousser des cris. ––“Tais–toi, femme, lui dit Djeh′a. Laisse–le l′emporter. Il lavera ses vêtements avec ce savon, car ils sont plus noirs que les nôtres.” Commentaar: In een variatie van hetzelfde verhaaltje (Laoust, Contes Berbères du Maroc, Le fils de cardeuse, pag. 165) zijn twee dingen anders. Allereerst gaat het in onze versie om een wasvrouw, een beroep dat ook in Nederland tot in de negentiende eeuw heeft bestaan (Multatuli, Woutertje Pieterse). In het verhaal van Laoust gaat het om een wol–kaardster (het kaarden van schapenwol werd ook vaak aan de oever van een rivier gedaan). En ook daarbij werd zeep gebruikt. Waarschijnlijk is de wol–kaardster versie ouder. Ook de onderzoeker deed beter zijn werk, want een woord dat hij niet begreep heeft hij integraal in de tekst opgenomen: “m˜mu–que–rson”. Omdat hij of zij niet alles goed gehoord heeft is het laatste deel (rson) onbegrijpelijk. Het kan komen van “rsum” (رسم), tekenen, patronen ontwerpen, wat erop zou kunnen wijzen dat de vrouw vol henna-tekeningen (tattoo′s) zat, een manier om het “boze oog” af te weren. Een methode die ook de Romeinen al kenden! En dit zet het tweede rare woordje “que” in perspectief, want dat zou dan het Latijnse “que” kunnen zijn dat overal en nergens tussenin werd gebruikt (vergelijk gebruik “que” in de Aeneas van Vergilius en het gebruik ervan in het Frans). Waarschijnlijk echter is dat het gaat om een woord afgeleid van “risha” (ريشة), een borstel of misschien een woord voor kaarde. Maar met zekerheid valt hier niet meer uit te komen.
  13. Mouliéras, Les fourberries de Si Djeh′a, blz 166, verhaal LIV (Si Djeh′a et sa femme), en blz 168, verhaal LV (Si Djeh′a et la tête de mouton):
    Si Djeh′a conduisit sa femme chez lui. Elle arriva. Elle trouva que la maison ne lui plairait pas. Elle trouva tout sale. “Comment?” se dit-elle. Cet homme-là s′est moqué de moi! Il m′a dit: Je suis le fils d′un sultan; je suis d′une illustre famille.”
    Elle renferma ces pensées dans son cœur et ne voulut les dévoiler à personne.
    Aux approches de la fête, elle vit Si Djeh′a aller au travail. Tout le monde chômait en l′honneur de la fête. “Si Djeh′a, lui dit-elle, comment! Tout le monde chôme à cause de la fête, et toi tu vas travailler! Ne m′as-tu pas dit cependant”, continua-t-elle: “moi, mon père est Sultan;” et encore: “j′ai une belle maison, je suis d′une famille illustre?”
    --Ma chère, répondit Djeh′a, c′est vrai, je t′ai dit cela et je n′ai pas menti. Je vais faire maintenant faire un petit travail.”
    -- “Personne ne fait ni petit ni gros travail que nous sommes en fête. Les autres jours on travaille et on l′on fait ce qu′on peut.”
    --“C′est vrai, ma chère. Toutefois si les gens de ce village me voient chômer, ils chômeront; s′ils me voient aller au travail, ils iront eux aussi. Qant à moi, je puis bien ne rien faire; il ne me manquera rien. J′agis ainsi en public afin que les enfants du peuple ne vivent pas continuellement avec la faim.”
    Un autre jour, elle lui dit: “Si Djeh′a, comment donc est façonné cet habit-ci que tu portes? Pourquoi? continua-t-elle, ne t′habilles-tu pas comme les enfants des sultans?”
    --“Ma chère, répondit-il, je ne tiens pas à porter de beaux habits à cause des gens du peuple; tout ce que je fais, ils le font. Si je leur donne l′exemple du repos, eux aussi ne travailleront plus. Si je leur donne l′exemple des beaux habits, eux aussi, s′ils ont quelques sous, s′en achèteront et toute la famille souffrira de la faim.”
    --“Comment se fait-il, Si Djeh′a, que tu m′aies dit: ‘Je suis sultan’. Cependant je ne t′ai jamais vu gouverner! Personne, parmi les gens du peuple, ne t′apelle ‘sultan’, ou ‘fils du sultan’. Tu m′as menti. Tu n′es probablement qu′un mendiant et tu t′attribues faussement la qualité de sultan.”
    --“Je te demande quelle est ton intention, répliqua Djeh′a. Si tu as l′intention de rester ici, ne fais pas la folle et reste dans la maison. Si tu t′aperçois que tu as perdu la raison et que peut-être tu est rasassiée de moi, va à la maison de ton pére. Je n′aime pas ceux qui, étant d′une condition inférieure, se croient au-dessus des autres. Qant à moi, je suis le sultan de mes frères et il m′est impossible de faire une injustice à qui que soit.”
    --“Je ne croirai que tu es sultan que lorsque tu auras tué ce muezzin qui me réveille chaque matin de très-bonne heure.”
    --“Demain je le tuerai, dit Djeh′a. Je t′apporterai sa tête et tu reconnaîtras alors si je suis un sultan ou un imposteur.”

    Si Djeh′a et la tête de mouton.

    Le lendemain matin, Djeh′a laissa le muezzin monter jusqu′au sommet du minaret. Il y alla, le suivit et lui coupa la tête qu′il donna à sa femme en disant: “Voici la tête de celui qui, chaque matin, te réveillait de bonne heure.”
    --“A présent, dit elle, je reconnais que tu es Sultan.”
    Djeh′a alla acheter un mouton qu′il égorgea. Il jeta la tête du muezzin dans le puits. Il cacha la tête du mouton qu′il avait tué et la plaça sous un grand plat de bois. Vers midi, les gens se mirent à cherchjer le muezzin. Ils ne le trouvèrent point. Ils montèrent au minaret. Ils le trouvèrent mort, la tête coupée.
    --“Qui donc nous a tué notre muezzin?”, se dirent-ils. Un individu prit la parole et dit:
    --“C′est Si Djeh′a que j′ai vu monter ici, ce matin de bonne heure. C′est peut-être lui qui l′a tué.”
    Ils allèrent chez Si Djeh′a. Dès qu′ils furent arrivés chez lui, ils lui dirent: ”Si Djeh′a, est-ce toi qui as tué le muezzin du village?”
    --“Je ne l′ai pas tué, répondit-il. Que m′a-t-il fait pour que je le tue? Voyez avec qui il était en mauvais termes; c′est celui-là qui l′a tué. Qant à moi je ne l′ai point tué.”
    --”L′homme qui t′as vu quand tu es monté au minaret a dit: “c′est lui qui l′a tué.” Toi tu nous fais des mensonges. Nous allons fouiller la maison, ajoutèrent-ils, pour voir si nous ne trouverons pas sa tête.”
    --“Passez et fouillez,” leur dit Djeh′a.
    Ils entrèrent et se mirent à chercher. Ils fouillèrent toute la maison en trouvèrent rien. L′un d′eux, ayant avisé le grand plat de bois qui était sens dessus sessous, s′en approcha, le souleva et trouva dessous la tête de mouton. “Dans cet endroit qui nous était suspect, dit-il à ses compagnons, je viens de trouver une tête de mouton. Il est probable alors que ce n′est pas Djeh′a qui a tué le muezzin.” Ils allèrent tous chez eux. Djeh′a était sauvé.

    Een variatie op dit verhaal in het Russisch is te vinden onder de volgende link naar de oorspronkelijk in het Engels verschenen grappen, onder nummer 11. Ditmaal is de grap afkomstig uit het beroemde “Book of Noodles”.

  14. Mouliéras, Les fourberries de Si Djeh′a, Si Djeh′a et le clou, Oran, 1891, blz 91-93, verhaal XIX :
    Le jour où il vendit sa maison, un homme la lui acheta.
    --“Mon ami, lui dit Djeh′a, je t′ai vendu la maison; mais le clou qui est planté dans le mur, je ne te l′ai pas vendu. Demain, ne va pas dire: ‘tu m′as vendu aussi le clou.’ Je ne te l′ai pas vendu, je ne t′ai vendu que la maison.”
    L′acheteur pensait: ‘Ce clou m′est égal. J′ai acheté la maison; peu m′importe le clou.”
    Si Djeh′a alla trouver sa mère: “O ma mère, que de jours nous avons passé avec la faim! Aujourd′hui, j′ai vendu la maison.” -- Elle dit: “Comment? tu as vendu la maison! Et où habiterons-nous? Outre la faim, il nous faudra encore dormir à la belle étoile?”
    -- “Ne crains rien, ô ma mère, répondit Djeh′a. Je lui ai vendu la maison, mais je me suis réservé un clou que j′ planté dans le mur. Je ne le lui ai pas vendu. Maintenant, c′est avec ce clou que je lui reprendrai la maison. Nous mourons de faim; c′est pour cela que j′ai imaginé cette ruse afin que l′acheteur nous donne de l′argent, et alors nous mangerons. Qant à la maison, il en sortira.”
    -- “Comment! fit-elle. Tu lui as vendu la maison et tu dis qu′il en sortira! De quelle maniè en sortira-t-il, attendu qu′il t′a remis l′argent en présence de témoins?”
    -- “Tiens-toi seulement en repos, répondit Djeh′a. C′est moi qui vais combiner un plan dans ma tête afin de le faire sortir de la maison.”
    -- “Fais ce que tu voudras,” dit-elle.
    Si Djeh′a s′en alla acheter des peaux d′animaux. Il les apporta et les suspendit à ce clou. Il suspendit également des boyaux. Peaux et boyaux restèrent là. Un ou deux jours après, ces peaux et ces boyaux sentirent mauvais. Djeh′a vint et les laissa comme ils étaient.
    Celui qui lui avait acheté la maison vint le trouver et lui dit: “Qu′est-ce que c′est que ce marché-là, Si Djeh′a? Tu as apporté des peaux et des boyaux et tu les a suspendus dans la maison! Ils sentent mauvais. Qui pourrait, à présent, rester dans ce logis?”.
    -- “Ami, répondit Djeh′a, je t′ai vendu la maison, n′est-ce pas? Le clou, je me le suis réservé et je t′ai dit que je ne te le vendais pas. A présent tu n′as plus rien à dire.”
    -- L′autre lui dit: “Va à ta maison. Moi je la quitte. Je t′abandonne et l′argent et la maison. Je ne puis plus y demeurer. C′est une infection générale et la maison elle-même est empestée.”
    -- “Eh bien, dit Djeh′a, si tu veux sortir de la maison, sors. L′argent, je l′ai dépensé et je ne te rendrai même pas un sou.”
    -- “Je te fais grâce de la maison et de l′argent que je t′ai remis,” lui dit l′acheteur.
    Si Djeh′a partit et retourna à sa maison. L′autre se mit en quête d′un nouveau logement.
  15. Mohamed Boughali, Sociologie des maladies mentales au Maroc, ed. Afrique orient, 1988, pag. 245:
    "Appelé auprès de la malade, celui-ci (l′exorciste) s′applique à déterminer la religion de celui qui la possède. C′est ce qu′il devine en observant l′accueil qu′elle lui fait. L′abord est toujours très froid: les génies à l′œuvre et surtout en bonne fortune, n′aiment pas à être dérangés; mais si l′expression de son mécontement est modéré, c′est un esprit musulman; mais si au contraire, il se répand en injures grossières, en propos obscènes, en blasphèmes forcenés, c′est un Chrétien ou un Juif (Desparmet, Le mal magique, 1932, p. 233)"
  16. Afred Mörer, Contes Choisis Nasreddin Hodja, pag. 65, Un rossignol novice ne saurait faire mieux:
    Nasreddin Hodja, un jour, entra dans le verger d′un voisin et grimpa aussitôt sur un abricotier chargé de fruits tendres et dorés. Il se mit en devoir d′avaler abricot sur abricot. Sur ses entrefaits, survint le propriétaire.
    --Que fais-tu là haut?
    --Je suis un rossignol. Je me suis posé sur cette branche pour chanter. L′homme se mit à rire.
    --Chante un peu, puisque tu es un rossignol. Ne pouvant se tirer autrement d′affaire, le Hodja dut, bon gré mal gré, imiter le chant du rossignol.
    --Dis donc, est ce ainsi que chante un rossignol? Nasreddin Hodja, sans se départir de son calme, répondit:
    --Un rossignol novice ne sauvait faire mieux!
  17. Maunoury, Jean-Louis, Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja, Phébus Libretto, 2002, Le langage des oiseaux, pag. 513:
    Timour, rentrant à la tombée de la nuit d′une opération militaire, passe avec son escorte au pied d′une vieille tour à moitié délabrée dans laquelle un grand-duc fait entendre son cri mélancolique.
    -- Holá, bouffon, bon à rien! lance le Tartare à Nasr Eddin, toi qui prétends tout savoir, tu dois comprendre le langage des oiseaux. Traduis-nous donc la plainte de Son Altesse le seigneur des ruines.
    -- Oh, ce n′est pas du tout une plainte, répond le Hodja, c′est au contraire un chant joyeux.
    -- On ne dirait pas!
    -- Oh, que si! Il fredonne que, grâce à un certain Timour Leng, il va bientôt régner sur toute la terre.
  18. Vladimir Propp, Morphologie du conte suivi par Les transformations des contes merveilleux, et de E. Mélétinski L′étude structurale et typologique du conte, traductions de Maguerite Derrida, Tzvetan Todorov et Claude Kahn, Poétique/Seuil, Paris, 1965. pag. 181-183:
    C′était, en effet, en Conseil d′Or. On ne barvardait pas, ici, mais on pensait:
    Tous les magnats réfléchirent longtemps. Arzamor, un home âgé et plein d′expérience, allait ouvrir la bouche. (La tête grise voulait évidemment donner un conseil.) Il toussa à haute voix, puis se ravisa. Et, en silence, se mordit la langue. (etc. Tous les membres du conseil se taisent, puis s′endorment.)……
    (Propp) Nous trouvons chez Afanas′ev (par ex. 140): “Il questionna une fois, les boyards se turent, une deuxième fois, ils ne repondirent pas, une troisième fois, personne ne souffle mot.” Nous avons ici une situation fréquente, dans la quelle la victim s′adresse aux autres pour demander secours, et cet appel se reproduit habituellement trois fois.
    En zó komen we bij een misschien nog wel beroemdere uitspraak van Propp:
    Mais, comme nous le verrons plus loin, le rôle de réalité dans les transformations du conte est très important. La vie réelle ne peut pas détruire la structure générale du conte. On y puisse la matière des différentes substitutions qui se produisent dans l′ancien schema…… (183) Le fondement théorique de ce point de vue repose sur la liaison entre les contes et les religions……L′interpretation merveilleuse d′une partie du conte est antérieure à l′interpretation rationelle.
  19. Decourdemanche, Sottisier de Nasr-eddin-Hodja, bouffon de Tamarlan, 1878, Bruxelles chez Gay et Bouffé (kopie van de Bayerische Staatsbibliothek): pag. 207, verhaalnummer: CII: Justification inattendue.
    Un jour le Hodja assaille son âne et se couche auprès de lui, sur le chemin, au grand soleil, le galant bâton (sik) découvert. Un homme survient.
    --Que fais-tu là, s′écrie-t-il, c′est honteux!
    -- Eh, dit le Hodja, pourquoi ne le ferais-je point sécher? J′en use de même après m′en être servi avec ma femme.
    Een Latijnse variant en de vertaling ervan is te vinden bij de Latijnse teksten, tekst 6..
  20. Akira Sadakata, Cosmologie bouddique, Origines et philosophie, Sully, 2011, Franse vertaling uit het Engels van een Japans origineel uitgegeven door Kosei publishing (1997), vertaald door Kengan D. Robert; —Akira haalt op pag. 81 Les questions de Milinda (vol 1, trad. anglaise I.B. Horner, Vol 22 des Sacred Books of the Buddhist (Londres: Luzac and Company, 1969, 55-56) aan:
    Ce passage (Les questions de Milinda- Milindapañha, entre 1000 voor tot 1000 naChr.) affirme la croyance de bouddhistes qu′il n′y a pas de “moi” continu et éternel. Pendant que la lampe brûle, la flamme change de moment en moment, et pourtant cela se passe comme s′il s′agissait de la même flamme.
  21. Basset, Mille et un conte, 3 delen, Paris, 1924/26/27: Contes plaisantes, pag. 482. verhaal 177:
    PRENDRE EST FACILE, S′ÉCHAPPER L′EST MOINS
    Djoh′a acheta du foie et se dirigea vers sa demeure. Voici qu′un corbeau le lui enleva. Il regardait derrère lui lorsque s′avança un autre homme portant également du foie. Djoh′a le lui enleva et s′enfuit jusqu′à ce qu′il eût escaladé un endroit élevé. L′homme le poursuivit et le rejoignit. “Qu′as–tu fait, Djoh′a?” lui demanda-t–il. — “Rien, je voulais seulement expérimenter si je pouvais devenir corbeau.”
    Noot:
    Naouâdir el Khodja Naṣ;r eddin, p. 19–20; Qiṣṣ Djoh′a, p. 17; Decourdemanche, Sottisier de Nasr eddin Hodja, Nº IX, p. 7–8. Dans la version turke, Djoh′a grimpe sur une hauteur avant de voler le foie, ce qui est plus conforme à sa prétention de ressembler à un corbeau qui dans le texte turk, est remplacé par un milan (wouw, kiekendief). Une version un peu différente se trouve dans le Philogolos à la suite de Pachymère, éd. Boissonade, p. 322. Cf. Wesselski, Der Hodscha Nasr–eddin, Nº XLI, T, I, p. 21, 214.
  22. ‎Alfred Mörer, pag. 33:
    La femme de Nasreddin Hodja ayant rôti une oie prélevée de la ‎bassecour, l′apporta toute fumante sur la table. Le Hodja pensa l′offrir ‎à Tamarlan dans l′espoir de recevoir une bonne récompense. Et, ‎prenant le plateau chargé du rôti, se mit en route. Un fumet ‎appétissant s′en dégageait.‎
    — Si je mangeais une cuisse, ça ne se remarquera pas, se dit il.‎
    ‎ Il contenta son envie et porta le reste à Tamarlan. Il trouva qu′il lui ‎manquait justemen tune cuisse.‎
    ‎ — Les oies d′Akchéhir n′ont qu′une seule patte, affirma le Hodja. Si ‎vous prenez la peine de jeter un coup d′œil sur celles qui sont ‎rassemblées autour de votre basin, vous en serez convaincu.‎‎
    En effet, il y avait un certain nombre de ces volatiles immobilisées, ‎avec une patte repliée sou eux. Tamarlan ordonna à ses officiers (bij ‎Decourdemanche: ; les tambours):‎‎
    — Allez, vite, dispersez ces oies!‎
    ‎ Et comme un officier leur tomba dessus avec une baguette (bij ‎Decourdemanche: par la force des baguettes), les oies commencèrent ‎à courir dans tous les sens.‎‎
    — Tu vois bien, Hodja, voilà qu′elles ont maintenant deux pattes.‎‎
    — Ma foi, répondit Nasreddin Hodja, vous-même, en aurriez quatre, si on vous poursuivait comme on ‎les poursuit.‎
  23. Decoudemanche, Sottisier Nasr-eddin-Hodja, Boufon de Tamarlan, ‎Bruxelles, chez Gay et Doucé, 1878, pag. 53: ‎ ‎ XII: Les oies de Tamerlan.‎
    Un jour le Hodja fait rôtir une oie et la porte au bey.‎
    En chemin il se trouve pris de faim,‎
    arrache une cuisse à la bête, dissimule la chose‎‎
    et poursuit sa route dans cette situation.‎‎
    Il place l′objet devant le trône du bey.‎‎
    Celui-ci observe qu′une cuisse manquait et interroge‎ le Hodja:
    — Comment cet oiseau n′a-t-il qu′une seule‎ patte?‎‎
    ‎— Dans ce pays, réplique le Hodja, toutes‎
    les oies n′en ont qu′une. Si tu ne me crois pas,‎‎
    viens le voir; mais alors que mon bey prenne‎
    la peine de sortir de chez lui.‎‎
    Le bey accepte et se met en selle; ils atteignent‎‎
    bientôt le bord d′une mare.‎
    Par la volonté de Dieu, on était alors dans la saison‎
    d′hiver et chacune des oies levait une patte à‎
    la hauteur de son ventre et restait sur l′autre.‎‎
    ‎— Voilà, mon bey , regardez! fit alors le Hodja.‎
    ‎Le bey fait un signe; les tambours exécutent
    un roulement, les oies s′effraient,
    chacune se pose sur deux pattes et commence à courir.‎
    ‎— Maintenant, s′écrie le bey, les voici sur deux pattes.‎
    ‎— O mon bey , réplique le Hodja,
    par la force des baguettes, on pourrait bien te faire
    marcher toi-même sur quatre!‎